NOTES
La lecture de ce chant n'éclaircit en rien cette indication énigmatique. Elle s'explique par sa source, une note de François-Victor Hugo à sa traduction du Songe d'une nuit d'été (ouvrage cité, t. II Fééries, p. 307): « C'était jadis une opinion universelle qu'on pouvait apercevoir distinctement dans la lune un homme suivi d'un chien et portant un fagot sur ses épaules. Les savants d'alors ne mettaient pas cette opinion en doute; ils se divisaient seulement sur la question de savoir qui était cet homme. » Suivent deux identifications, puis une dernière. « D'après une autre légende plus terrible, l'être que les générations passées voyaient dans l'astre nocturne n'était autre que Caïn, chassé de la terre par la malédiction céleste et condamné, pour son crime, à devenir le Juif errant de la lune. Cette opinion était générale en Italie, ainsi que le prouve ce verset du Dante:
"Mais viens désormais, car déjà Caïn avec son fardeau d'épines, occupe la limite des deux hémisphères et touche la mer sous Séville. Et déjà hier, dans la nuit, la lune était ronde, tu dois bien t'en souvenir, car elle t'a servi plus d'une fois dans la sombre forêt." (L'Enfer, chant XX.) »
Le texte de Promontorium somnii utilise la même source de manière plus libre mais plus claire: « Tout le monde sait qu'on voit dans la lune un homme suivi d'un chien et portant un fagot. Qui ne voit pas cet homme sera changé en loup-garou. Pourquoi? C'est que cet homme est Caïn. Dante ne dit pas: la lune décline; il dit (Enfer, chant XX): Déjà Caïn avec son fardeau d'épines touche la mer sous Séville. (éd. R. Journet et G. Robert, Presses de l'Université de Franche-Comté, Les Belles-Lettres, 1961, p. 51.)